Toutes les peuplades, dites primitives, quelles que soient leur origine géographique et leur culture, ont, de tout temps, reconnu au sein de leur tribu ou, plus généralement, de leur groupe les talents d'hommes-médecine. Ceux-ci assurent le bien-être des membres de leur communauté dans le monde matériel, très souvent par l'intermédiaire d'un lien spirituel qu'ils disent entretenir avec les esprits de la nature.

C'est à travers de transes produites par le rythme répétitif de tambours ou par la danse quelquefois frénétique, ou encore par l'exaltation des sens que procurent l'inhalation et l'ingestion de substances hallucinogènes que les chamans affirment entrer en communication avec les éléments universels. Et cette communication leur fournit une connaissance qui, à leur retour à un niveau de conscience ordinaire, se transforme, dans leur vie quotidienne, notamment en remèdes contre la maladie.

La transe leur permet d'atteindre un état modifié de conscience, supérieur en perception principalement par l'inhibition de l'ego et par la mise à l'écart des conditions physiques du monde matériel qui favorisent le channeling. Les informations accessibles dans cet état leur sont alors transmises par l'intermédiaire de messages hallucinatoires, de pensées complètes que le chaman interprète voire décrypte après la transe.

Bon nombre d'éléments de la pharmacopée dite moderne proviennent, à l'origine, des informations que les chamans transmettent sur la nature, sur les plantes essentiellement. Nous admettons ainsi implicitement la réalité de leur savoir. Mais plus, nous devons remarquer que tous affirment que ce savoir botanique leur vient de l'esprit même de la nature. Du reste, toutes les personnes ayant tenté ces expériences chamaniques décrivent des hallucinations identiques quelles que soient leur culture ou leurs croyances. Ce point commun et les affirmations des chamans tendent à démontrer l'existence effective d'une conscience naturelle, d'une conscience gaïaique.

Plus précisément, ces visions sont généralement celles de deux serpents entrelacés. Ces serpents dits cosmiques sont présents dans les représentations symboliques des mondes de la plupart des philosophies spirituelles ancestrales voire des religions, signe de l'universalité de ces visions. De nos jours, nous pouvons y reconnaître aussi une référence à l'ADN, source de vie. Les hallucinations chamaniques pourraient donc être considérées comme un message de la Vie elle-même, d'une conscience à la fois extérieure et intérieure à l'être vivant, un indice sur le caractère holographique de celle-ci.